31.8.06

13e semaine

LOGO-RALLYE

Cette semaine, deux auteurs seulement se disputeront les faveurs des lecteurs assidus du Labo de la RSA. Deux, oui, car la rentrée n'est jamais pour tout le monde au même moment (allez, allez, vous y viendrez : commencez donc par vous entraîner à replier-déplier un peu ces doigts de pieds encore en éventail, un deux, voilààààà comme ça). Deux, certes, mais non des moindres : Marie Chotek (vous connaissez son blogue ? Goûtez donc ses chotekeries) ainsi que le mystérieux Obin-Murt (l'Homme-Pluie, esprit de la pluie des anciens Baltes), connu également sous le patronyme de Björn Torstensson.

A peine rentrées qui du Bengale, qui du Japon, qui du Limousin Inférieur, les Laborantines n'ont pas encore eu le temps de mijoter leur prochaine proposition. Mais en ces temps de transhumance laborieuse (bon allez, maintenant c'est fini les échauffements du gros orteil), peut-être serait-il bon de profiter de ce léger retard pour se regarder le nombril et s'interroger sur l'avenir irradieux de ce précieux Labo : chers lecteurs, pourquoi ne pas nous faire part, d'ici la semaine prochaine, de vos envies, desiderata, plaintes et complaintes, attentes, désirs inavoués ou caprices pour améliorer la formule de ce boulonneux atelier en ligne ? Aïe donc, ce sera votre prochaine dissertation de rentrée... Toujours à la même adresse : atelierenligne@yahoo.com.

Les Laborantines


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Petit rappel de la proposition précédente :
Vous imaginerez un dialogue chez le coiffeur incluant, dans l'ordre, les mots suivants : conduit, fuite, caisse, froid, mal, pied, varicelle, boulot, médisance, hier, coiffer, couleur, chômage, oui, compresse, dîner, lapin, scoubidou, queue, argenté, regard, énigmatique.


Bonne lecture !


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La coupe Varicelle

Je m’assois sur le siège comme si j’étais chez le dentiste. Parfois, se faire couper les cheveux, c’est pire que de se faire soigner une carie.

- ‘bjour, me fait le dentiste euh coiffeur.
- ‘bjour, je réponds d’une voix mal assurée (on va encore me parler de mes cheveux gras en haut, fourchus en bas, qui frisent mais sans être frisés, non ce n’est pas laid mais difficile à coiffer, etc)
- On est un peu sur les nerfs, m’a renseignée le coiffeur, le shampooineur qui conduit comme un pied, a pris la fuite avec la caisse… on est à peu près sûr de le retrouver dans un fossé, du sang sur les billets… c’est pas trop froid ?
- Pardon ? Je sursaute, nerveuse comme sous la fraise.
- Je parle de l’eau de la douche… vu que le shampooineur s’est cassé, c’est moi qui coupe ET qui lave !
- Ah.
- Vous avez lu les mémoires de Sarkozy ? Il me demande ensuite tout à trac.
- Euh non…
- C’est pas mal… je crois que c’est un réfugié roumain qui lui a servi de nègre… je vous coupe le pied ? S’enquiert-il.
- Pardon ?! Je me sens prête à m’évanouir.
- On appelle ça comme ça, les cheveux qui traînent dans le cou… ça fait une forme de pied…
- Je préfère que vous en laissiez un peu… j’essaye de les faire pousser… je bredouille.
- Je vais vous faire une coupe varicelle… ça va être formidable ! S’écrie-t-il tout joyeux.
- Une coupe quoi ?!
- Une coupe ronde comme un bouton… de varicelle… ah c’est un sacré boulot ! La médisance populaire l’a ainsi dénommée parce qu’elle n’a aucune fantaisie, la médisance… on l’appelle aussi coupe Mireille Mathieu, mais à choisir hein… entre un bouton et cette chanteuse….
- Vous croyez que ça va m’aller ? je demande super inquiète.
- Oui ! c’est évident ! Avec vos bajoues, ça va être extra ! en tout cas, hier, j’ai été coiffer à demeure Cécila (d’où que j’ai récupéré le livre de son mari), et elle a exigé cette coupe là ! On vous fait une couleur ?
- Non… mais Cécilia et Nicolas sont à nouveau ensemble ? (Je m’en tape mais j’ai appris à parler aux coiffeurs, pour les maîtriser)
- Plus que jamais ! Depuis qu’il pointe au chômage, ah ça oui, y a pas compresse !! au dîner, il était agité comme un lapin et elle lui a donné du scoubidou par ci, du scoubidou par là… sa queue était…
- Mais, je le coupe brusquement, la queue euh Nicolas Sarkozy n’est pas au chômage ! C’est le ministre de l’intérieur actuellement en exercice !
- Bof… c’est la même chose pour moi… oh, vous avez un cheveu argenté, vous avez vu ça ? Faudra penser à faire une…
- Je verrai ça plus tard, je le coupe.
- Bon, voilà… on cause, on cause, et c’est terminé !

Je suis debout. Je regarde ma tête. Je ressemble effectivement à un bouton de varicelle. Je croise le regard du coiffeur, vous allez voir, me dit-il, tous les gars vont vous donner du scoubidou… ça vous donne un air énigmatique, bien plus profond qu’en rentrant.

Je paye, la caisse a été remplacée par une assiette creuse, et je sors. Je me dis, comme pour le dentiste, ça aurait pu être pire, un fan de Sarkosy, c’est certes pas fameux mais je suis toujours en vie…

Marie Chotek


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Dialogue chez le coiffeur

– Arrêtez de vous tortiller, enfin ! Et faites pas attention à la fumée, c’est le conduit du poêle qu’a une fuite !
– On asphyxie ! Il y a de quoi se retrouver dans une caisse en sapin !
– Au moins la clientèle n’a pas froid ! Mais arrêtez de bouger ! Vous voyez bien que mon rasoir est ébréché ! Vous voulez que je vous fasse mal ?
– Pas besoin ! J’ai déjà mon cor au pied, et le petit dernier qui a la varicelle, et au boulot, les médisances, hier...
– Vous venez ici gémir ou vous faire coiffer ? Je vous fais une couleur ? Non ? Avec des pingouins comme vous, je me retrouverais vite au chômage, ça oui ! Aïe ! Je vous l’avais dit !
– Dites donc, quand vous écorchez les gens avec votre razif pourave, vous pourriez mettre une compresse !
– Bah ! Moi, tout ce sang, ça me rappelle qu’au dîner y a du lapin. Ma belle-mère vient de nous offrir un dessous de plat tressé en scoubidous, quelle horreur ! Et elle, vous la verriez, cette vieille toupie, avec son bonnet de trappeur orné d’une queue de renard argenté... Mais qu’est-ce qu’il y a, à la fin, arrêtez de me jeter vos regards énigmatiques !

Obin-Murt